Les indicateurs 2010 montrent une stabilité du marché du travail malgré la crise

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La publication annuelle d’une série d’indicateurs révèle que la crise a eu un impact limité sur le marché du travail en Belgique. Toutefois, les faiblesses structurelles demeurent. De plus, notre pays semble insuffisamment armé pour concrétiser pleinement les opportunités d’emploi liées à « l’économie verte ».

Comme chaque année, le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale publie une série d’indicateurs relatifs à la situation sur le marché du travail en Belgique. Dans cette optique, la situation de notre pays et des trois régions fait l’objet d’une comparaison systématique avec la moyenne européenne. En effet, les indicateurs se basent sur les accords conclus dans le cadre de la Stratégie européenne pour l’emploi (Europe 2020). La plupart des chiffres se rapportent à 2010, année la plus récente pour laquelle des données internationales comparables sont disponibles.

Emploi stable

Les indicateurs confirment que notre pays a relativement bien résisté à la crise, comme le montrent notamment les chiffres du chômage, qui se situent à 8,0% en 2010, soit au même niveau qu’en 2006, alors que la moyenne européenne, partant d’une position quasiment identique (7,9%), a augmenté pour atteindre 9,3%. Le taux d’emploi, qui représente la proportion des 20 – 64 ans ayant un emploi, atteignait 67,6% en 2010, soit presque le niveau de 2007 (67,7%). Ce faisant, la Belgique n’est plus qu’à un point de pourcentage de la moyenne européenne (68,6%) mais reste encore très éloignée de l’objectif que notre pays s’est fixé à l’horizon 2020 (73,2%). Les disparités régionales restent également importantes : la Flandre affiche un taux d’emploi de 72,1%, juste derrière la Communauté germanophone (73,1%), alors que ce taux n’est que de 62,2% en Wallonie et de 59,2% à Bruxelles.

Les chiffres reflètent également le type d’emploi qui caractérise notre marché du travail. 26,0% des salariés travaillent à temps partiel (hommes : 9,2%, femmes 44,8%) et 8,1% travaillent sous contrat temporaire – il s’agit la plupart du temps d’un contrat de travail à durée déterminée ou d’un contrat d’intérim. Au total, 10,7% des travailleurs sont involontairement occupés sous ce type de statut. 4,1% travaillent régulièrement la nuit et 8,3%, en régime de travail en équipes.

Comme on le sait, le marché du travail en Belgique se caractérise par sa grande stabilité. 92,5% des personnes qui étaient occupées sous contrat de travail à durée indéterminée en 2008, disposaient encore du même type de contrat de travail en 2009. Ce pourcentage est à peu près identique au pourcentage de l’année précédente (92,6%). Les personnes sous contrat de travail à durée déterminée courent davantage de risques : entre 2008 et 2009, 36,2% d’entre elles ont obtenu un contrat de travail permanent, alors que 19,3% se sont retrouvées au chômage ou en inactivité. Entre 2007 et 2008, ces pourcentages atteignaient respectivement 40,3% et 15,8%. Pour ces groupes, la crise a clairement laissé des traces.

Les travailleurs âgés et les allochtones restent à la marge

La stabilité relative du marché du travail laisse aussi les faiblesses structurelles irrésolues. Par exemple, seulement 37,3% de la population active âgée (55-64 ans) travaille, contre une moyenne européenne de 46,3%. 48,4% des travailleurs peu qualifiés ont un emploi (UE : 53,4%) et 40,4% des citoyens hors UE (UE : 58,5%). 4,1% de la population active belge est au chômage depuis plus d’un an (UE : 3,8%) et, en termes mensuels, 7,2% des personnes suivent une formation (UE : 9,1%). 12,5% des personnes habitant en Belgique vivent dans un ménage où personne ne travaille (Flandre : 8,3%, Wallonie : 17,2%, Bruxelles 21,1%, UE : 10,4%). La proportion de jeunes qui ne travaillent pas, ne sont pas dans l’éducation et ne suivent pas de formation est de 10,9%, contre une moyenne européenne de 12,8%. Ce taux des NEET (“Neither in Education, Employment nor Training”) constitue un meilleur indicateur que le chômage des jeunes qui est quant à lui fortement faussé par les différences des systèmes de formation et de travail étudiant.

La pression fiscale sur le travail reste élevée : le taux d’imposition implicite de 41,5% nous situe largement au-delà de la moyenne européenne (36,0%). Ce constat s’applique tout particulièrement aux bas salaires, confrontés, dans notre pays, à une pression (para)fiscale de 49,5% (UE 2009 : 39,3%). La participation à la formation stagne, malgré les efforts décidés par les partenaires sociaux : chaque mois 7,2% des travailleurs belges suivent une formation, alors que la moyenne UE est de 9,1%.

Le point positif est que, dans notre pays, les personnes avec enfants travaillent davantage que les personnes sans enfant (78,7% contre 74,4%), même si l’on constate un léger effet négatif chez les femmes (1,3%), plus marqué à Bruxelles (10,6%). Cette situation s’explique probablement par les structures d’accueil d’enfants, relativement bien présentes dans notre pays : une place d’accueil est disponible pour 49,8% des enfants de moins de 3 ans. La proportion des travailleurs pauvres reste assez faible en Belgique : 4,6% (UE : 8,4%).

En 2009, le salaire mensuel brut moyen était de 3.027 EUR (3.105 pour les hommes, 2.785 pour les femmes). Ce niveau salarial varie selon le niveau de formation. L’enseignement supérieur (3.253 EUR de moyenne) et universitaire (4.651 EUR) bénéficie de la plus forte valorisation sur le marché de l’emploi.

Insuffisamment préparés à la transition verte

Cette année, une série d’indicateurs liés aux « emplois verts » ont été ajoutés à la liste, étant donné que la présidence belge de l’UE a fait de ce point l’une de ses priorités. Nous ne disposons pas actuellement de l’ensemble des données nécessaires à la cartographie complète des effets sur l’emploi, de la nécessaire transition verte de notre économie. Mais sur la base des chiffres publiés, nous constatons que le pourcentage de jeunes diplômés en sciences et en biologie, un indicateur important en vue de la concrétisation potentielle des opportunités d’emplois verts, est de 12,0% des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, contre une moyenne européenne de 14,3%.

De même, la proportion entre impôt écologique et impôt sur le travail est relativement défavorable dans notre pays : elle atteint 9% en Belgique, alors qu’au sein de l’UE, en moyenne 12% de l’impôt sur le travail est prélevé par le biais de taxes écologiques. Les rejets de gaz à effet de serre par travailleur sont plus élevés dans notre pays (équivalents à 28.400 tonnes de CO2) que dans le reste de l’UE (21.600 tonnes), mais ce constat s’explique entre autres par la structure industrielle de notre pays.

Tous les indicateurs sont consultables dans le module statistiques