Etat des lieux de la mobilité professionnelle en Belgique

Publié le

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2021

Le gouvernement fédéral s’est fixé un objectif ambitieux dans son accord de gouvernement : atteindre un taux d’emploi de 80%. Pour réaliser cet objectif, il convient, entre autres, de travailler sur la promotion de la mobilité professionnelle vers des secteurs confrontés à des difficultés de recrutement.

Des secteurs qui, de surcroît, peuvent être situés dans une autre région que celle où se trouvent actuellement les futurs travailleurs. A la lumière des transitions fondamentales auxquelles notre marché du travail est confronté à l’heure actuelle (numérisation, verdissement, glissement vers les services), une allocation optimale des talents sur le marché du travail est l’un des principaux défis que doit relever la politique belge (et européenne) en matière d’emploi. 

Analyse approfondie

Pour avoir une idée plus précise de l’ampleur de ce défi, le ministre Dermagne a demandé à notre SPF de réaliser une analyse qui détaille la mobilité professionnelle au sein des secteurs, entre secteurs et entre régions et qui examine les éléments qui freinent une plus grande mobilité professionnelle.

La Division des relations internationales et des études socioéconomiques a relevé le gant et cette étude est désormais disponible sur le site web. Cette analyse ne donne pas seulement un aperçu de l’évolution des principaux indicateurs statistiques de la mobilité professionnelle :  entre régions, entre secteurs et entre différents emplois (non seulement sous l’angle des travailleurs mais aussi sous celui des demandeurs d’emploi et des nouveaux entrants sur le marché du travail).  Elle traite également les freins éventuels pour les différents types de mobilité professionnelle qui sont cités dans la littérature scientifique et par les instances internationales pour expliquer la mobilité professionnelle limitée constatée dans notre pays.  Enfin, elle avance des pistes éventuelles pour améliorer les choses.

Avantages de la mobilité professionnelle

La mobilité professionnelle volontaire présente potentiellement plusieurs avantages. Elle permet aux travailleurs de trouver l'emploi le mieux adapté/le mieux rémunéré, elle rend la carrière plus variée et donc potentiellement mieux gérable dans le temps et elle permet aux personnes de mieux concilier travail et vie privée. Par ailleurs, cette mobilité permet aux employeurs de renforcer leurs capacités en attirant des personnes possédant des compétences différentes et elle peut accroître la productivité (la "bonne personne au bon endroit"). La mobilité apporte également de "l’oxygène" au marché du travail, car les sortants offrent des opportunités aux nouveaux arrivants, ce qui facilite dès lors l’accès au marché du travail. Bien sûr, il existe aussi des pièges, particulièrement présents pour les groupes défavorisés connus (les travailleurs peu qualifiés, les personnes en situation de handicap).

L’analyse montre que la Belgique a encore un marché du travail assez statique, que ce soit sur le plan de la mobilité géographique ou de la mobilité professionnelle. La part des transitions sur le marché du travail (emploi vers emploi, chômage vers emploi, emploi vers chômage) est inférieure à la moyenne OCDE, même si l'écart avec la moyenne de l'UE n'est pas si important. La différence se marque principalement par rapport aux États-Unis, au Royaume-Uni et aux pays scandinaves.

Encore de nombreux chantiers

La note montre qu'il existe de nombreux chantiers sur lesquels les mesures peuvent (et doivent) se concentrer. Il importe toutefois que ceux-ci fassent partie d'une approche intégrée, tous niveaux politiques confondus. Il convient de garder à l'esprit que la mobilité géographique pour des raisons professionnelles et la mobilité sur le marché du travail sont, de manière générale, indissociables. Lors de l'élaboration des mesures, il convient de rechercher un bon équilibre entre la mobilité et la sécurité, afin d'en tirer les avantages et d'en éviter les inconvénients. Ce faisant, une attention particulière doit être accordée à la surreprésentation des profils vulnérables dans les emplois précaires.  Une forte mobilité n'est pas nécessairement le signe de transitions positives pour eux. Il est également important de proposer à ce groupe des emplois « d’insertion », à partir desquels il pourra ensuite évoluer.