En préparation de la Présidence du Conseil de l'Union européenne, le SPF Emploi a été l'un des membres fondateurs du "Groupe de travail informel Social Investment". Ce groupe de travail, composé d'experts de tous les États membres de l'UE, a effectué un travail préparatoire sur les méthodologies de calcul, la définition, le retour sur investissement et les effets distributifs de l'investissement social au sein de l'Union européenne.
Ann Coenen: L’année 2023 s'inscrivait déjà largement dans le contexte de la Présidence belge du Conseil de l'Union européenne. Cela signifie que nous avons déjà dû passer à la vitesse supérieure en 2023 pour pouvoir boucler de nombreux dossiers législatifs en six mois en 2024. Nous avons également la chance d’assurer cette présidence en fin de législature, ce qui nous permet, en tant que Belgique, de participer à l’élaboration de l'agenda de la prochaine législature de la Commission européenne. Une des initiatives que nous avons prises a pu être lancée grâce à la très bonne coopération que nous avons entretenue avec la Présidence espagnole au cours du second semestre 2023. Et aussi grâce à la coopération très étroite que nous avons mise en place avec nos collègues du SPF Sécurité sociale. Nous avons en effet participé au lancement à la mi-2023 d’un groupe de travail, le "Groupe de travail informel Social Investment". Ce groupe de travail a effectué un travail très technique avec divers experts européens provenant de tous les États membres de l'UE. Il comprenait d’un côté des personnes qui se sont penchées sur l’aspect ‘travail’, provenant des différents «ministères de l’emploi», des affaires sociales, mais aussi de nombreuses personnes du monde de la finance. On peut résumer ainsi l’objectif de ce groupe de travail: comment faire en sorte que les investissements sociaux soient vus comme des investissements et non comme de simples dépenses? Cela signifie que nous avons dû faire un certain nombre de choses. Tout d'abord, donner une définition opérationnelle très claire de ce qui relève de l'investissement social. Il peut s'agir d'investissements dans l'éducation, dans la garde des enfants, ou dans d'autres choses qui contribuent au capital humain. Et aussi, bien sûr, dans la politique du marché du travail, en activant les gens, en s'assurant qu'ils se retrouvent à la bonne place sur le marché du travail. Nous avons ensuite cherché des méthodologies, qui existent dans différents États membres, mais aussi à la Commission européenne. Pour pouvoir capter et calculer les retours sur investissement, c'est-à-dire ce que rapportent ces investissements, afin de pouvoir les inclure dans le cadre d'évaluation plus large de l'Union européenne. Ce qui était également très important pour le groupe de travail, c'était d'examiner les effets distributifs, c’est-à-dire les effets sur les différents groupes de la société. Vous pouvez lancer une politique qui peut avoir des effets positifs pour de nombreuses personnes, mais qui peut également avoir des effets négatifs, par exemple, pour les classes de revenus les plus faibles ou spécifiquement pour les chômeurs. Nous voulons donc que lors de toutes les évaluations envisageables, on s’intéresse aux effets hétérogènes de la politique, et pas seulement aux effets globaux. C'est donc le travail que ce groupe de travail a effectué, très rapidement en fait. La présidence a d'abord été assurée par l'Espagne, puis par la Belgique. Et je tiens à remercier tout particulièrement Francesco Corti, du cabinet Vandenbroucke, qui a mené cette tâche à bien avec beaucoup d'enthousiasme et d'expertise technique. Nous avons finalement pu publier un rapport technique très volumineux en très peu de temps. Et bien sûr, en 2024, il s'agira d'utiliser ces résultats dans les différents États membres pour obtenir le soutien des différents ministres, de toutes les filières, y compris des finances, de l'économie, etc., afin que nous puissions rendre la future législature de l'UE encore plus sociale et inclusive.