2013 - Burnout chez les médecins et les infirmiers

Thème principal

Burnout chez les médecins et les infirmiers

Sous-thème

En perspective du développement d'une politique visant la prévention et la prise en charge du burnout, le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale et le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement ont fait appel à une équipe de chercheurs universitaires afin d’évaluer l’ampleur (prévalence et sévérité) du burnout dans un échantillon représentatif des médecins et des infirmiers actifs dans le secteur hospitalier en Belgique, mais également afin de formuler des recommandations concernant la manière avec laquelle ce problème pourrait être traité dans ce contexte, notamment en termes de prévention et de prise en charge et ce, aussi bien au niveau politique qu’au niveau du secteur hospitalier.

Objectifs

Le burnout peut être défini comme “un état d’esprit négatif persistant lié au travail, chez des individus “normaux”, qui est caractérisé par de l’épuisement, un sentiment d’inefficacité, une démotivation et des comportements dysfonctionnels au travail. Cet état d’esprit n’est souvent pas remarqué par le travailleur pendant un long moment. Il résulte d’une différence entre les intentions et la réalité du travail. Souvent, les travailleurs entretiennent cet état d’esprit par des stratégies d’adaptation qui sont inefficaces” (Schaufeli & Enzmann, 1998).

Une étude récente, commanditée par le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale dans le cadre d’un projet du Fonds social européen et réalisée par Hansez et al. (2010) avait pour objectifs d’établir une revue de la littérature scientifique sur le thème du burnout et de mesurer l’ampleur de ce phénomène au sein de la population active belge.

De manière globale, la prévalence du burnout, évaluée via des médecins généralistes et des médecins du travail au moyen d’une grille de diagnostic, était de 0.8%: il s’agit des personnes au bout du processus du burnout.

En outre, une étude nationale réalisée par le Collège des Intensivistes concernant l’évaluation de la qualité de vie de ceux-ci est en cours. Un volet complémentaire sur le burnout vient confirmer l’ampleur de cette problématique dans le contexte des soins intensifs et ce, aussi bien chez les médecins que parmi les infirmiers actifs dans ce type de services. Les résultats, obtenus par le biais d’outils de mesures auto-rapportées, semblent, jusqu’à présent, très préoccupants.

Pour le SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, il importe de garantir la qualité des soins et la sécurité des patients, mais aussi d’améliorer l’attractivité de la profession infirmière: la réalisation de ce projet de recherche peut y contribuer.

Timing

2011 - 2013

Commanditaire

  • Service Public Federal Emploi, Travail et Concertation Sociale, Direction générale Humanisation du travail: Direction de la recherche sur l’amélioration des conditions de travail (DiRACT)
  • Service Public Fédéral Sante Publique, Sécurité de la Chaine Alimentaire et Environnement:
    Direction générale Organisation des Etablissements de Soins

Equipe de recherche

KULeuven: Prof Lode Godderis, Prof Hans De Witte, Prof Walter Sermeus

Projet de recherche

La recherche a porté sur les éléments suivants:

  1. effectuer une revue de la littérature scientifique nationale et internationale en matière de burnout chez les médecins et les infirmiers dans le secteur hospitalier: définition, prévalence, causes, conséquences, recommandations…;
  2. réaliser une étude quantitative auprès des médecins et des infirmiers du secteur hospitalier;
  3. formuler des conclusions et des recommandations, tant au niveau politique qu’au niveau du secteur hospitalier, afin de permettre au SPF Emploi, Travail et Concertation sociale ainsi qu’au SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement de mettre effectivement en œuvre les résultats sur le terrain;
  4. rédiger un rapport écrit des éléments évoqués ci-dessus.

Résultats

Revue de la littérature

Il s'agit d'une analyse narrative de la littérature, au cours de laquelle les principales études générales ont été consultées et complétées par:

  1. des études parues plus récemment (depuis 2000) et spécifiquement consacrées aux médecins et aux infirmiers
  2. des études qui ont été menées en Belgique et aux Pays-Bas sur cette problématique.

Cette analyse a montré que l'environnement de travail et le vécu du travail du personnel des établissements hospitaliers sont des facteurs déterminants pour l'attraction et la rétention du personnel (Van den Heede et al., 2011), pour un service de qualité (Halbesleben, & Rathert, 2008) et pour le bien-être des travailleurs (Nahrgang et al. 2011). L'étude du burn-out chez les médecins et les infirmiers revêt dès lors une importance extrême. En effet, le burn-out est un vécu du travail extrêmement négatif, engendrant des conséquences graves pour la santé et le bien-être de la personne concernée, et qui influence également négativement l'entourage de la personne.

Le burn-out est donc un syndrome lié au travail qui se caractérise par trois symptômes: un épuisement émotionnel/mental, une dépersonnalisation et une diminution de l'accomplissement personnel (Schaufeli & van Dierendonck, 2000). Les travailleurs qui souffrent d'un burn-out sont émotionnellement et mentalement épuisés ; ils sont à bout de forces, ils n'ont plus aucune énergie. La dépersonnalisation fait référence à un comportement distant et cynique à l'égard des personnes pour qui l'on travaille. L'accomplissement personnel réduit va de pair avec le sentiment de ne plus être suffisamment compétent pour pouvoir encore effectuer son travail correctement.

Étude empirique

Echantillon

196 hôpitaux ont été invités, parmi lesquels 37 (+/-20 %) ont décidé de participer (22 hôpitaux flamands, 10 hôpitaux wallons et 5 hôpitaux bruxellois).

5 833 répondants correspondaient aux critères d'inclusion et d'exclusion, dont 79,5 % d'infirmiers (n=4635) et 20,5 % de médecins (n=1198), 73,8 % de femmes (n=4307) et 26,2 % d'hommes (n=1531). L'âge moyen (ES +/-) de l'ensemble de l'échantillon était de 41,3 +/-10,8 ans, 43,7 +/- 11,3 ans chez les médecins et 40,7 +/- 10,6 ans chez les infirmiers.

Prévalence du burn-out

Il ressort de l'étude empirique que 6,6 % souffrent de burn-out et que 13,5 % appartiennent au groupe à risque. On ne constate aucune différence significative entre les médecins et les infirmiers, mais les cas de burn-out sont plus nombreux chez les infirmiers (6,9 % contre 5,4 %) et les médecins sont plus nombreux à figurer dans le groupe à risque (17,8 % contre 12,4 %). Environ 60 % de l'échantillon total a déclaré être enthousiaste. L'utilisation de méthodes différentes rend difficile la comparaison de ces chiffres avec l'étude belge précédente. Hansez et des collègues (2011) ont établi une prévalence de seulement 0,8 % dans la population active et l'étude européenne RN4CAST (Aiken et al. 2012) a montré que 25 % des infirmiers belges obtenaient un score élevé en termes d'épuisement émotionnel (contre 31,1 % dans cette étude). Ferdinande et al. ont constaté qu'environ 15 % des médecins belges (2008) et des infirmiers (2011) travaillant aux soins intensifs montraient un épuisement émotionnel, respectivement 28 % et 38 % ont enregistré un score élevé en termes de dépersonnalisation et 43 % et 32 % ont enregistré un score élevé en termes d'accomplissement personnel réduit. L'étude actuelle montre une plus grande prévalence de l'épuisement émotionnel ainsi qu'une dépersonnalisation et une diminution de l'accomplissement personnel plus faibles. Dans l'étude de Moors et al. (2001) réalisée auprès de 2 075 infirmiers flamands (oncologie, soins intensifs, service général), environ 28 % ont obtenu un score élevé pour l'épuisement émotionnel, 27 % pour la dépersonnalisation et 24 % pour l'accomplissement personnel réduit. Un score élevé sur ces trois échelles a été rapporté par 8,4 %. Ces chiffres sont comparables aux prévalences révélées dans cette étude.

Les principaux déterminants du burn-out semblent être les caractéristiques du travail « charge de travail élevée », « épuisement émotionnel élevé » et « conflits de rôles ». Les conséquences du burn-out se situent principalement au niveau du bien-être individuel (diminution du bien-être physique, psychique et psychosomatique), le comportement (augmentation de la consommation de médicaments, absentéisme, présentéisme, incidents cliniques) et les attitudes (une plus grande intention de quitter, être moins prêt à et se sentir moins capable de travailler jusqu'à 65 ans). On constate ici aussi une corrélation entre un haut niveau d'enthousiasme et une plus grande autonomie et l'exploitation des compétences. Les conséquences de l'enthousiasme étaient les suivantes: une bonne santé physique et psychique, une moins grande intention de quitter et être davantage prêt à ou capable de travailler jusqu'à 65 ans. Ces résultats confirment les déterminants et les conséquences ressortis de l'étude précédente (Schaufeli, 1990; Schaufeli & Enzmann, 1998; Schaufeli & Salanova, 2007).

Recommandations

Les résultats de l'étude ont constitué la base pour la présentation de mesures visant à favoriser l'enthousiasme et à prévenir le burn-out.

Les déterminants les plus importants de l'enthousiasme sont l'exploitation des compétences et l'autonomie. De plus, ils montrent une relation négative avec le burn-out.

Parallèlement à la stimulation de l'enthousiasme, il faut également s'atteler à la prévention du burn-out. Il ressort des résultats de l'étude que la charge de travail, le conflit de rôles, la charge émotionnelle et le soutien social de la part des collègues sont les facteurs les plus déterminants dans ce cadre. Dans l'aperçu, des mesures sont proposées au niveau politique, de l'hôpital et/ou de l'individu pour les facteurs « charge de travail » et « charge émotionnelle ». Comme nous l'avons déjà indiqué dans l'analyse de la littérature, la combinaison de mesures prises aux différents niveaux permet d'obtenir les meilleurs résultats.

Publication

Rapport de synthèse: Une étude sur le burn-out et l'enthousiasme chez le personnel médical et infirmier dans les établissements hospitaliers de Belgique (PDF, 1.35 Mo). Dr Sofie Vandenbroeck, Mme Els Vanbelle, Prof. Dr Hans De Witte, Mme Evelien Moerenhout, M. Maarten Sercu, Mme Hilde De Man, Dr Kris Vanhaecht, Mme Eva Van Gerven, Prof. Dr Walter Sermeus, Prof. Dr Lode Godderis, 2013.

Renseignements complémentaires

Si vous souhaitez obtenir des informations supplémentaires au sujet de cette recherche ou des publications, vous pouvez prendre contact avec la Direction de la Recherche sur l'Amélioration des Conditions de Travail (DIRACT), Rue E. Blérot 1 - 1070 Bruxelles, alain.piette@emploi.belgique.be.